Pourquoi cette idée ?
L’accompagnement à domicile des personnes malades psychiques
Le handicap psychique résulte de l’inadaptation d’une personne à son environnement, du fait d’un trouble ou d’une maladie psychique grave.
Celle-ci va connaître des difficultés dans sa vie quotidienne :
- accéder et se maintenir dans un logement,
- avoir un emploi,
- entretenir des relations sociales,
- s’insérer dans la société.
D’un accompagnement hospitalo-centré, voire une prise en charge totale par l’institution hospitalière, la donne s’est progressivement inversée, et à présent, on dénombre plus de 80% des malades psychiques vivant à domicile.
En 50 ans, le nombre de lits est passé de 120 000 à 43 000 et les durées moyennes de séjour de 300 à 35 jours. La vie en institution (hospitalière ou médico-sociale) est devenue minoritaire, et est réservée aux personnes les plus en difficulté et connaissant une perte d’autonomie des plus importantes.
Cependant les moyens mis en place pour faire face à la désinstitutionalisation ne sont pas à la hauteur des besoins des personnes souffrant d’une maladie psychique. Les 80% de malades qui se trouvent à domicile connaissent toujours des difficultés dans leur vie quotidienne.
Les personnes en situation de handicap psychique vont rencontrer deux niveaux de difficultés par rapport à la question du logement : l’accès au logement, et le maintien dans celui-ci. Or aujourd’hui, faute de moyens, l’accompagnement à domicile reste le parent pauvre de la prise en charge.
L’enjeu est fondamental, car il s’agit d’éviter les ré-hospitalisations, voire l’expulsion de la personne de son logement.
Concernant spécifiquement le handicap psychique, les solutions existantes sont insuffisantes, compte tenu du volume de personnes concernées et du peu de dispositifs tournés vers l’accompagnement à domicile. Afin d’adapter les réponses actuelles, il est nécessaire de prendre en compte les difficultés rencontrées par les personnes au quotidien : la variabilité des troubles, le déni ou refus d’aide, l’isolement social, l’inactivité, la relation au logement souvent complexe, la perte de repères et la nécessité de réapprentissage de certaines actions de la vie courante.
Au-delà de ces difficultés, des prérequis sont également indispensables pour permettre un fonctionnement optimal des dispositifs existants : aider la personne à se positionner comme un citoyen, créer une relation partenariale de l’ensemble des acteurs, organiser le suivi de façon souple et inscrit dans la durée, appréhender la psychiatrie dans la cité différemment. De nombreux acteurs interviennent au quotidien dans l’aide et le soin aux personnes présentant des maladies psychiques. Mais ces diverses initiatives d’accompagnement ne relient pas suffisamment tous ces intervenants, entrainant ruptures ou impasses dans les parcours des personnes.
Alors que 13 millions de Français vivent avec une maladie psychiatrique (dépression, schizophrénie, anxiété, addictions, bipolarité…) et que l’impact de la crise sanitaire a largement dégradé la santé mentale des plus fragiles, la santé psychique est plus que jamais un enjeu sociétal majeur.
Privilégie la possibilité pour la personne de se rétablir, c’est-à-dire de retrouver les conditions d’une vie satisfaisante grâce au lien social et à l’activité implique un changement de regard de la société mais aussi de l’individu sur lui-même qui ne s’envisage plus comme un malade et redevient une personne à part entière, capable d’agir sur sa vie, en fonction de ses capacités et de ses désirs.
L’habitat doit pouvoir répondre aux aspirations et aux capacités des personnes en situation de handicap, citoyens à part entière, tout en considérant les préoccupations des familles en termes de protection et de sécurité. Ce soutien par l’habitat doit être durable pour participer au rétablissement des personnes concernées.